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est vrai qu’un ou deux de nos contemporains donnent aux animaux spermatiques un autre nom, quoiqu’ils leur reconnoissent tous les appanages de l’animalité, autant qu’ils peuvent être sensibles, réduits à de si petits termes. Mais on sent aisément que, forcés d’avouer le fait par déférence pour la bonté de leur vue, ils voudroient le déguiser par complaisance pour la singularité de leurs idées.

Une portion de semence, si petite qu’elle pourroit être portée sur la pointe d’une aiguille très-fine, contient plusieurs milliers d’animaux spermatiques. L’expression manque aux naturalistes pour nous faire concevoir leur petitesse prodigieuse : elle est telle, dit l’un d’eux, qu’il en faudroit plus de cinquante mille pour former un atôme de la grosseur du moindre grain de poussiere. Ils y sont tellement pressés que l’on a jugé avec raison que la liqueur séminale en étoit composée en entier. En effet la substance entiere de la semence peut être dissoute en petits animaux : il n’en est point de partie assignable limpide ou mucilagineuse qui ne soit un être vivant.

Il y a plus : ces animalcules sont composés eux-mêmes d’autres animaux semblables. Une certaine quantité de semence ayant été délayée dans un peu d’eau, le nombre des animaux spermatiques a paru considérablement