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Conclusion de la premiere partie.

Le spectacle de l’univers nous a montré par-tout le mal à côté du bien ; la douleur à la suite du plaisir, la vérité près du mensonge, la vertu & le vice confondus ensemble au point de nous faire illusion. Le mal a abondé où le bien abondoit : il devenoit plus rare quand son contraire diminuoit. Si l’un s’élevoit quelque part au dessus de l’autre, celui-ci triomphoit ailleurs : & dans le tout ils restoient au niveau. L’harmonie du monde résultoit de ce contraste frappant : l’idée de sa beauté se composoit des deux notions du bien & du mal. Le tableau constant de cette égalité précise nous en a fait soupçonner la nécessité. Nous avons vu en effet le mal découler, pour ainsi dire, du bien par les bornes naturelles de son essence qui ne peut pas être infinie. Nous nous sommes convaincus que, là où il ne peut y avoir de bonté pure, le bien est nécessairement allié à un mal qui l’égale en nombre & en qualité ; qu’il ne peut y avoir ni moins de mal que de bien, ni moins de bien que de mal ; que les grands biens y doivent avoir des inconvéniens proportionnés ;