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a cent fois plus de perfections qu’une mouche, & cent fois plus de défauts. (je choisis exprès des especes si éloignées) : il a mille fois plus de plaisirs, & mille fois plus de miseres. Mais les vices effacent les vertus, & les miseres balancent les plaisirs : l’animal raisonnable n’est donc véritablement ni plus parfait ni plus heureux que le moucheron. Remarquez que, quoiqu’on ne puisse pas déterminer au juste combien une espece l’emporte en bonté sur une autre, cette incertitude ne nuit en rien à l’évidence de l’égalité ; puisque nous sommes toujours sûrs que chaque degré de bonté porte avec soi un vice égal. Ainsi je dis : dans l’homme la somme du bien est 1100, & celle des maux 1100 aussi, ce qui donne h égal 1100 moins 1100 égal 0.

Chez le moucheron le bien égale 2, le mal égale aussi 2 ; d’où m égal 2 moins 2 égal 0.

Puis 0 égal 0 ; donc h égal m, ou m égal h. C’est l’expression de l’égalité naturelle de l’homme & du moucheron : formule applicable à toutes les collections spéciales des êtres.

CHAPITRE XXVIII