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montagnes, puis il descend dans les vallées & va porter sa chaleur avec sa lumiere à l’insecte caché sous l’herbe. C’est l’image la plus ressemblante de la divinité.

Indépendamment de ces raisons de convenance, peu philosophiques pour le fond, on dira que tel est l’empire de l’équilibre du bien & du mal sur les essences finies, qu’il n’étoit pas possible que le créateur fît une espece absolument meilleure qu’une autre, je veux dire, qui eût plus de biens & moins de maux en proportion.

L’égalité naturelle & nécessaire des especes, telle que je l’explique, consiste en ce que chacune ait autant de biens que de maux. Elles n’ont pas toutes une portion égale du bien, & une portion égale du mal qu’il engendre ; il est visible qu’un homme a plus de biens & plus de miseres qu’une plante. Je comprends seulement que, dans chaque espece, il y a une somme de maux égale à la somme des biens ; & que, compensation faite des uns & des autres, aucune ne peut être dite absolument supérieure, ni absolument inférieure au reste.

Un être qui pense a par dessus celui qui ne fait que sentir, les perfections de l’esprit, & ses vices égaux à ses perfections. L’animal a par dessus le végétal les apanages de l’animalité ; la douleur & le plaisir sensuels. L’homme