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Afin que celle-ci fût véritablement meilleure que celle-là, il faudroit que, la somme des maux déduite de celle des biens, il restât d’un côté au moins un grain de bonté pure : ce qu’on ne doit pas chercher dans le fini, où les deux quantités toujours égales donneront toujours zero après la soustraction.

L’auteur de la nature n’avoit point de raison qui l’engageât à gratifier une espece aux dépens de tout le reste. La volonté seule n’est un motif que pour les tyrans. Sa bonté présidoit à la création, & ne lui inspiroit point une prédilection odieuse.

Nous admirons un roi qui porte son attention sur le moindre de ses sujets, comme sur ses favoris ; qui prend les mesures nécessaires pour rendre les dernieres conditions aussi heureuses que les plus élevées. Ce détail pénible est, aux yeux de la sagesse, la mesure de la grandeur réelle des princes. Quoi ! Celui qui put sans travail égaliser ses dons, aura-t-il négligé de le faire ? Celui qui a mis dans l’ame des rois & des philosophes un sentiment de bienveillance universelle, aura-t-il commencé par le contredire lui-même ? Il aura donc appris aux souverains, par la maniere partiale dont il gouverne le monde, à faire un usage bizarre de leur puissance. Le soleil éclaire d’abord le sommet des