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plus terribles ; que les animaux plus délicatement organisés souffriroient davantage & goûteroient une volupté plus vive ; que plus de pénétration dans les esprits, occasionneroit de nouvelles découvertes & ajouteroit à nos erreurs ; que les volontés plus actives auroient plus de ressource pour la vertu & pour le vice.

CHAPITRE XXVII

Il n’y a point, dans la nature, d’espece réellement & absolument meilleure qu’une autre.

Une chose plus admirable encore que la gradation merveilleuse des especes, c’est que, malgré la subordination qui soumet les plus basses aux plus hautes, il y a pourtant entre elles une égalité parfaite, produite par l’équilibre précis du bien & du mal. D’où pourroit venir leur inégalité, si elle étoit possible ? D’une bonté absolue. Pour la plus grande bonté relative, toujours contrebalancée par un vice égal, elle peut servir à faire distinguer une espece d’une autre, mais elle ne sera jamais un titre de supériorité réelle.