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fait leur perfection. Mais plus ils sont livrés à eux-mêmes, plus ils sont éloignés de la source de l’ordre & du bien absolus, plus donc ils deviennent sujets au désordre & à la misere : ce qui est leur imperfection. Avant de demander s’il pouvoit y avoir un monde meilleur que celui que nous habitons, il convenoit de s’assurer qu’il pût y en avoir un autre ; que l’unité de cause & d’essence n’emportât pas l’unité d’action, & celle-ci l’existence d’un seul univers déterminément tel, contenant tout le créé possible, substances & modes, approchant de l’infini autant qu’il se peut sans l’être, c’est-à-dire, n’en différant que d’un infiniment petit du dernier ordre. Ces préliminaires tiendront en haleine les générations les plus hardies, & les empêcheront de prononcer sur l’optimisme. Quant à moi, il me semble qu’un monde meilleur que le nôtre, seroit pire que le nôtre ; que d’une combinaison plus excellente des élémens, naîtroient des inconvéniens plus considérables ; que si la marche des corps célestes étoit plus brillante, plus majestueuse, les météores qu’elle produiroit, seroient