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l’activité des premiers, ni toute l’inertie des seconds. Les agens libres sont regardés comme plus excellens que ceux qui ne font que ce qu’on leur fait faire. L’espece d’indépendance pour quoi ils sont dits maîtres de leurs actions, est une ombre de grandeur qui les éleve au-dessus de tout ce qui est moins indépendant ; elle est pareillement pour eux la source d’une plus grande imperfection, dont les créatures privées de liberté ne sont point atteintes. Ce qui procéde du fini, comme tel, est sujet à l’irrégularité : ce qui émane de l’action immédiate de l’infini, porte le caractere de la droiture. Les écarts de la raison humaine lui appartiennent. L’homme tombe dans le vice & dans l’erreur, parce qu’il se conduit par son intelligence & sa volonté toujours faillibles. Mais il n’y a point d’erreur ni de vice pour les brutes qui agissent par une connoissance qui leur vient du dehors, & qu’on ne peut s’empêcher de confondre avec l’intelligence de la cause universelle. La perfection & l’imperfection des êtres croissent avec la distance qui les sépare de l’infini. Moins ils sont soumis à l’indépendance absolue, plus ils sont eux-mêmes indépendans, plus ils lui ressemblent en quelque sorte ; cette conformité impropre