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Quelle source de désordres dans le gouvernement oriental, si des hommes destinés à l’esclavage naissoient avec un esprit de liberté, si une éducation républicaine fortifioit en eux ce penchant, si enfin ils alloient croire qu’on les tient un peu au dessous de l’humanité !

Avec un jugement sain, un esprit juste, un goût pur, on est trop difficile. On trouve par-tout à reprendre dans soi-même & chez les autres. On sent les moindres défauts & on les sent vivement. On doit s’estimer malheureux, d’avoir dans le commerce de la société, plus de délicatesse que les autres. Un souhait digne du sage, c’est de n’avoir jamais plus de sagesse que ceux avec qui il doit vivre. La médiocrité en tout est la meilleure ; & la médiocrité d’esprit & de raison est au-dessus de toutes les autres.

Quel est le petit-maître hollandois qui après avoir respiré pendant quelques années l’air de Paris, avoir goûté la finesse exquise qui y regne dans les conversations, les fêtes, les repas, les spectacles, & en général le ton aisé & poli qui fait l’agrément de la vie, & caractérise la nation françoise, ne trouve au retour ses compatriotes d’une maussaderie insoutenable, qu’il ne sentoit pas avant de partir ? A-t-il tort ou raison d’être choqué des manieres dont il a eu tant de peine à se défaire,