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un nouveau bien. Celui-ci incomplet dans toute son intensité n’aura pas la moindre parcelle de bonté pure & sans mêlange de mal : c’est-à-dire qu’il aura autant de degrés de mal que de degrés de bien : il n’en aura pas davantage, puisque le mal est comme l’ombre du bien & qu’il n’y a point d’ombre sans corps.

Les degrés de l’un seront égaux aux degrés de l’autre. L’excédent n’est possible d’aucune part. Et en effet ou ceux du bien peuvent encore se subdiviser, ou l’on est parvenu aux derniers termes. S’il n’y a point de subdivision ultérieure, les degrés du bien sont précisement comme l’unité simple & ceux du mal ne peuvent pas être moindres. S’ils sont encore subdivisibles, au moins on n’aura jamais un degré pur, & les divisions, quelque multipliées qu’elles soient, donneront toujours une portion de mal égale à chaque portion du bien, jusqu’à ce qu’on descende à des parties simples de l’un & de l’autre.

Concluons que l’addition d’un bien dans le systême général, y introduiroit un nouveau mal, égal en tout au nouveau bien ; que de même la soustraction d’un bien en ôteroit l’inconvénient qui résulte de son imperfection ; qu’ainsi il n’est pas possible qu’il y ait dans la nature, moins de mal que de bien, ni moins de bien que de mal.

CHAPITRE XXIV