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Dans un monde fini, point de bien pur & absolu ; point d’essence qui ne soit vicieuse par quelqu’endroit ; point de qualité complette ; point de relation qui ne soit sujette à des inconvéniens. C’est que la toute-bonté de quelque espece qu’elle soit, est une essence infinie ; & que le fini ne peut rien contenir d’infini.

Il est évident qu’un bien exempt de mal seroit un bien infini. Un bien exempt de mal seroit aussi grand qu’il pût être dans son genre ; & conséquemment il ne pourroit plus croître. Or l’infini seul est incapable d’accroissement. Un bien absolument pur ne pourroit ni s’altérer ni diminuer : car s’il le pouvoit ce seroit une défectuosité. Il n’y a encore que l’infini qui ne soit pas susceptible d’altération, ni de diminution.

Puis donc que la toute-puissance divine ne va pas jusqu’à pouvoir produire l’infini, elle n’a pas pu créer un monde tout-à-fait bon & sans défauts. Ce qui lui est impossible dans un tems l’est dans un autre. Ainsi la suppression du mal physique dans l’univers est une impossibilité qui répugne. J’examinerai plus bas si la quantité pourroit en être moindre. Je passe au mal moral.

Les erreurs de l’entendement & les vices de la volonté viennent de l’incompletion de ces deux facultés, c’est-à-dire, de ce qu’elles