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qu’il ne s’y rencontrât plus aucune occasion de douleur pour les êtres sensibles ; alors & seulement alors tout le mal physique disparoîtroit. Il faudroit ensuite que l’entendement & la volonté fussent absolument incapables de désordre ; dans cette économie seule il n’y auroit ni erreur ni vice.

La réforme proposée dans le physique est impossible. Un monde créé, si bon qu’il soit, est toujours défectueux par essence, & dans sa totalité, & dans chaque combinaison de ses principes, & dans chacun des rapports que les êtres, qu’il contient, ont entre eux. Car ni l’ordre qui regne dans l’univers entre les élémens, ni le bien qui résulte des combinaisons variées de la matiere, ne peuvent être bons d’une bonté pure, entiere & absolue ; puisqu’une telle bonté est l’appanage exclusif de l’infini incréé, & qu’elle est aussi incompatible avec le fini qu’il répugne à l’essence infinie de n’avoir qu’une bonté limitée. Les parties du tout ne sont pas plus privilégiées que le tout lui-même. Un résultat particulier quelqu’excellent qu’on le suppose, n’a pas néanmoins une excellence absolue & complette : elle est donc défectueuse. J’en dis autant de toutes les essences créées & des rapports qu’elles ont entre elles.