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perfection de plus : donc dans l’hypothese contraire, qui est la présente, il n’est pas infiniment bon & saint. On retorquera & l’on dira qu’un être qui ne peut pas ôter le mal, n’est pas tout-puissant. C’est à quoi je vais répondre par une démonstration directe, qui prouve que Dieu ne peut en aucune maniere ôter le mal qu’on est forcé de reconnoître dans la nature ; & qui lui conserve pourtant sa toute-puissance.

C’est d’abord un principe avoué que la toute-puissance divine ne s’étend point à l’impossible. Je ne sache pas qu’il y ait aucun inconvénient à nier que Dieu puisse faire une montagne sans vallée ou toute autre chose également contradictoire ; & personne, je crois, ne soutiendra que ce soit limiter sa force productrice. Si donc la suppression du mal dans la nature, implique contradiction, la question est terminée.

Un second principe aussi incontestable que le premier, c’est que tout le créé est fini, & que tout le fini est imparfait & incomplet : car la plénitude de l’être & de quelque propriété ou attribut que ce soit, n’appartient qu’à l’infini. Qu’on ne perde point de vue ces deux principes.

Pour supprimer tout le mal qui est dans la nature, le seul expédient seroit en premier lieu de réformer tellement le systême physique