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bientot débité tout ce que nous savons : parlant sans connoissance de cause nous choquerions sans cesse le bon-sens, sur les matieres les plus importantes : qu’on en juge par celles de nous qui ont la fureur du bel-esprit. Madame, continuai-je, je n’aurois pas osé m’expliquer si clairement : & je n’ajouterai rien à votre réflexion.

Ô l’heureux babil ! Le don inestimable, qui prépare les plaisirs délicieux que donne le charme d’une belle voix ! Le précieux talent, auquel les plus grands hommes sont redevables du premier usage qu’ils ont fait de la faculté de penser & de celle de s’exprimer !

CHAPITRE XXI

Si l’auteur de la nature peut empêcher le mal qui y existe ?

Ou Dieu, dit épicure, veut empêcher le mal & ne le peut pas ; ou il le peut & ne le veut pas ; ou il ne le peut ni ne le veut ; ou il le veut & le peut. S’il le veut & ne le peut pas, c’est foiblesse : ce qu’on ne peut pas dire de l’être tout-puissant. S’il le peut & ne le veut pas, c’est malice : ce qui ne convient pas, non plus, à la bonté infinie. S’il ne le veut ni ne le peut, il est foible & méchant & n’est pas