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chant, la netteté des sons, la legéreté du rossignolage, la délicatesse d’une modulation, le brillant d’une cadence perlée.

D’abord les femmes ont l’organe de la voix d’une sensibilité extrême. L’air qui par le mouvement continuel d’inspiration & d’expiration sort des poumons ou y entre par le canal de la glotte, la sollicite sans cesse à se faire entendre : ainsi la démangeaison qu’elles ont de parler est une nécessité naturelle, dont les hommes sont exempts, vu que chez eux les filamens de la glotte, plus grossiers, sont plus difficiles à ébranler. Aussi il s’en faut bien qu’ils aient autant de disposition pour le chant que les femmes : ils n’acquierent une voix féminine que par une opération qui leur ôte un sexe sans leur donner l’autre.

Le caquet continuel des femmes entretient la souplesse de l’organe : la volubilité de la langue dispose la voix à la vivacité des roulemens, à ces inflexions variées au gré des passions qui agitent l’ame, à cette mélodie qui peint tous les objets de la nature, depuis les éclats du tonnerre jusqu’au charme assoupissant du sommeil. C’est donc à leur loquacité qu’elles doivent la beauté de leur voix, & nous le plaisir qu’elle nous procure. Je mets en fait que non seulement le babil des femmes embellit leur voix, mais qu’il seroit presque capable d’en donner à celles qui en