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la moindre partie composante du mercure ; il suffit pour qu’il y ait équilibre entre les deux colonnes totales que les hauteurs soient en raison réciproque des pesanteurs. Ainsi quand on ne pourroit pas assurer que le vice & la vertu fussent en portion égale dans aucun des individus, cela ne feroit rien contre l’équilibre général : c’est assez si les vices d’un homme, d’un peuple, d’un siecle sont à ceux d’un autre comme les vertus de celui-ci à celles du premier. Cette loi paroît constante dans l’univers. Chaque génération en renouvelle la preuve : & toute l’espece est destinée à la completter.

L’histoire de tous les tems nous porte à croire que la variété de la nature exige que le vice & la vertu se combinent ensemble dans tous les degrés de l’un & de l’autre, dont l’homme est capable : l’homme est capable d’autant de vertu précisément que de vice ; le résultat de leurs combinaisons sera donc une égalité parfaite entre ces deux essences. C’est pour assurer l’équilibre du bien & du mal, que, dans le total, la science des mœurs est un systême de maximes injustes intercalées à des principes d’équité ; que les apologistes de la vertu s’en tiennent à de beaux discours démentis par leur exemple qui les réfute ; que des philosophes au contraire, surpris