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que le climat, la forme du gouvernement, le principe de la législation, le préjugé nationnal, formeront un peuple entier plutôt pour la vertu que pour le vice, plutôt pour certaines vertus ou certains vices que pour d’autres ; que la disposition des organes, le genre de profession, les maximes reçues de quelques sociétés, l’exemple & la force de l’habitude aideront dans les particuliers la bonté naturelle contre la puissance qu’ils ont de se décider au mal. Delà naîtront de grandes & de petites révolutions dans les mœurs : révolutions aussi réglées que les vicissitudes des saisons, la succession du jour & de la nuit, ou l’alternative de la pluie & du beau tems.

Mais l’équilibre rompu dans les parties, n’en subsistera pas moins dans le tout : il gagnera d’un côté ce qu’il perdra de l’autre. On peut mettre un équilibre très-parfait entre deux systêmes de corps, quoiqu’il n’y ait pas un globule de l’un des deux systêmes, qui, pris séparément, puisse équilibrer avec un globule quelconque de l’autre, pris aussi séparément. Les liqueurs se mettent d’elles-mêmes à l’équilibre, vingt-huit pouces de mercure, par exemple, avec une colonne d’air de la hauteur de l’atmosphere, quoiqu’aucune des particules de l’air ne puisse contrebalancer