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nécessitée au crime, a quelque semence de vertu ; & qu’une liberté entiere pour les deux contraires donne à la volonté une énergie aussi grande pour l’un que pour l’autre. D’où se forment deux penchans : l’un la porte au bien & l’éloigne du mal : l’autre l’excite à faire le mal à l’exclusion du bien. L’égalité de force dans ces deux inclinations contraires, est absolument nécessaire pour completter le libre-arbitre : voilà donc dans la volonté humaine deux principes également féconds de vertu & de vice ; & en vertu de sa liberté même elle doit vouloir aussi souvent le juste que l’injuste, aussi souvent ce qui est contre le droit que ce qu’il ordonne. Je parle ici de la volonté en général, considérée comme la collection de toutes les volontés particulieres : car dans les individus, des causes extérieures ou internes, prochaines ou éloignées feront prévaloir un penchant sur l’autre. Le tempérament, l’éducation, la réflexion, l’étourderie & toutes sortes de passions influent assez sur la volonté pour la déterminer, sans lui ôter sa liberté. Au contraire il est de l’essence d’une volonté libre de pouvoir se déterminer par des motifs pris de tous ces chefs.

On ne cherchera point la raison de la variété bisarre des caracteres ; elle est suffisamment indiquée par la même voye. Nous avons