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les manieres d’être possibles. Je présume que nos enfans & nos neveux, qui ont sous les yeux un si bel exemple de rafinement, héritiers de notre force productrice, créeront de nouveaux êtres dont la possession leur sera agréable, & dont ils regarderont la privation comme une peine. Dégoutés de nos plaisirs par nos miseres, ils les échangeront contre d’autres de leur invention. Ils auront beau faire, la douleur naîtra du sein de cette volupté nouvelle (quelle essence est bonne à tous égards ? ) : la passion créatrice d’un genre de bonheur, étonnée vainement de n’avoir trouvé qu’une source impure dont l’eau joint à la douceur du miel l’amertume de l’absinte, fouillera ailleurs & ne trouvera pas mieux.

Vous dites que l’homme est libre ; & vous en concluez qu’il pourroit toujours suivre les principes de l’équité & toujours éviter le mal : qu’au moins il n’y auroit pas de contradiction à supposer qu’il le fît. J’admets avec vous le libre-arbitre de la volonté humaine, la puissance de faire le bien & de s’en abstenir, de faire le mal & de ne le pas faire. S’abstenir du mal, est le premier degré de la vertu : s’abstenir du bien est aussi le premier pas vers le vice. On sent par-là que la volonté, qui ne veut pas nécessairement ce que la saine raison prescrit, porte en soi un germe de vice, que la volonté, qui n’est pas