Page:De La Nature.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

des vertus sociales. C’étoit conclure la vérité de l’erreur. Quel homme fut plus tempérant qu’épicure, & plus libre des terreurs de l’avenir ?

Les garamantes, peuple sauvage de l Inde, attendoient une vie meilleure après celle-ci. Ils en inféroient qu’il falloit assommer leurs vieillards & leurs malades, pour la leur procurer plus promtement, dans l’espérance qu’on leur rendroit à eux, le même service, & en exigeant la promesse de leurs enfans. Ainsi une erreur monstrueuse sortoit du sein de la vérité.

Tous les habitans des Antilles & des îles Marianes n’admettent point l’existence de Dieu, & croyent l’immortalité de l’ame. Beaucoup de théistes, chez les nations les plus polies, ont perdu l’espérance d’une vie à venir. N’est-ce point qu’il y a des esprits où une vérité ne se maintient qu’aux dépens d’une autre ?

Un faux-devot s’interdit les délices innocentes dont la nature nous fait une loi ; croit-il par-là disposer son ame à mieux goûter les joyes spirituelles qu’il attend au sortir de ce monde ? Un bon musulman s’essaye dans un nombreux serrail, disant qu’il fait l’apprentissage des plaisirs dont les houris doivent l’enivrer dans le paradis, sous les yeux de Mahomet. Ici les deux extrêmes, la continence