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exemple sa liberté. J’aurois droit de m’en servir, moi, à prouver que le mal lui est naturel comme le bien, puisqu’elle ne l’incline pas davantage vers l’un que vers l’autre. En un mot il y a des principes de connoissance qui conduisent l’esprit au vrai : il peut en se dirigeant par eux, acquérir l’heureuse habitude de ne se décider que sur un sentiment véridique, sur une intuïtion, sur une démonstration : la lumiere du sentiment & de l’évidence peut aussi s’obscurcir par les ténebres qu’amassent autour d’elle les causes déjà énumérées. Il est des faux préjugés qui naissent de l’éducation, des sens, de l’imagination, des passions, des bornes de l’esprit, de l’autorité religieuse, politique, nationale, particuliere : préjugés qui deviennent principes pour la plûpart des gens. Puis donc qu’aucun de nous n’a reçu de la nature ni plus de penchant ni plus de force pour résister à l’illusion, que d’inclination & de foiblesse à se laisser séduire, avouons qu’une telle égalité produira infailliblement, dans la totalité des hommes, autant d’erreur que de vérité.