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mal que du bien physiques. L’entendement est de même pour l’erreur & pour la vérité ; toujours fini, à quelque degré qu’on l’ait, à quelqu’objet qu’on l’applique, il est sujet à se méprendre avec autant de facilité qu’il en a à juger sainement. Tout dépend des circonstances, de la maniere dont les objets lui seront offerts, des idées dont les causes, auxquelles il est soumis, le rempliront. S’il n’en reçoit que de fausses notions, l’erreur sera son partage. S’il a le bonheur que les objets se présentent à lui sous leurs rélations réelles, la vérité éclatera dans ses jugemens. Mais on vient de voir que les causes d’erreur sont aussi multipliées que les moyens de vérité. L’esprit donc se trouvera aussi souvent déterminé à mentir qu’à dire vrai. Car le prestige du mensonge a tout autant d’efficacité pour nous abuser, que la lumiere naturelle en a pour nous éclairer.

On chercheroit envain dans la raison des choses, quelqu’obstacle capable d’empêcher l’influence des préjugés sur l’homme : on auroit sur-tout mauvaise grace à alleguer pour