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ne les rendent que plus propres à commander aux hommes de s’entr’égorger.

Que de seigneurs, sans la guerre, n’auroient que l’emploi de tenir le haut rang dans leur église seigneuriale, & de se bouffir à la vue de leurs écussons tracés sur les vitres ! Combien d’autres, n’ayant reçu de la nature que des dispositions belliqueuses, manqueroient d’occupation ! Peut-être tourneroient-ils contre leurs concitoyens un génie féroce mieux employé à combattre les ennemis de la patrie. Remontez à l’origine des dissensions civiles, vous trouverez que presque toutes sont nées au sein de la paix, de l’inoccupation de certains esprits bouillans dont la fougue concentrée au dedans de l’état, a du y avoir son effet, au-lieu qu’il falloit lui permettre d’éclater au dehors. J’en laisse le détail, il me suffit de l’avoir indiqué. Rome, dit l’auteur des considérations sur la grandeur & la décadence des romains ; Rome s’est trouvée dans cet état, qu’elle étoit moins accablée par les guerres civiles que par la paix, qui réunissant les vues & les intérêts des principaux, ne faisoit plus qu’une tirannie. La nécessité de prendre les armes pour la défense de son pays, a enfanté des prodiges de valeur, de grandeur d’ame, de patriotisme & de dévouement, enfans vertueux d’une mere infâme. Au milieu des camps & par