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La vie & la liberté sont les premiers biens : ils compensent tous les maux.

Le commerce rapporte beaucoup plus qu’un fonds de terre, quoiqu’en dise un auteur célebre. Il double & triple promptement un capital ; avantage dont ne jouit pas l’agriculture. En Hollande il est, avec raison, le supplement nécessaire du labourage : en France il le détruit. Si ce royaume offre au voyageur étonné des landes immenses, de vastes terrains incultes, qu’on s’en prenne sur-tout à l’esprit de commerce, qui a manqué de gagner la noblesse, le dernier malheur qui puisse lui arriver. En vain se flatte-t-on que le commerce & l’agriculture pourroient y marcher d’un pas égal, quand le paysan quitte sa charrue pour se faire matelot ou marchand. Mais le marchand devenu riche, retournera à sa charrue, ou du moins fera mieux valoir ses terres. Rêve honnête & puéril ! Le marchand gros-seigneur fait une chasse, des avenues, des jardins, des terrasses : il fait pis, il prend les fils du laboureur pour figurer derriere son carosse, ou avoir soin de ses chevaux.

Si l’on permet au commerce d’influer sur le gouvernement, il en altérera la forme, sur-tout si elle est monarchique. Le peuple enrichi voudra qu’on respecte autant sa majesté, qu’il respectera peu celle du prince. La noblesse