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elle suit le flux rapide de ses fantaisies : trop sage, elle retient ses dons, de peur de faire un choix indigne d’elle : la plus droite étant toujours bornée, se trouve dans la nécessité d’ôter à l’un ce qu’elle veut donner à un autre. Ici s’éleve un temple auguste où les loix servent tour à tour le bon & le mauvais droit ; où le glaive de la justice frappe l’innocent & le coupable ; où la discorde après avoir épuisé les ressources d’un esprit droit & les vaines subtilités de la chicane, paye également les fraix du mensonge & ceux de la vérité.

Là se rend un peuple de marchands. L’intérêt regle tout entre eux. Heureusement la droiture des gens de bien aussi avide, aussi subtile, aussi active, aussi opiniâtre que la mauvaise-foi des fripons, retient la balance du commerce prête à pencher du côté vicieux. Sur un théatre plus vaste le guerrier moissonne des lauriers teints du sang humain. Il s’éleve sur un monceau de morts. Quelle affreuse grandeur !

Dans la société il y a des gens adroits qui, sans se rendre odieux, savent mettre la maladie & la mort à contribution. C’est le chef-d’œuvre de l’industrie.

L’équilibre général résulte d’autant d’équilibres particuliers qu’il y a de conditions.