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Ces sentimens contraires naissent naturellement à la vue des faces différentes que présente l’humanité. L’équilibre exact & constant des biens & des maux, qui résulte de l’ensemble, doit nous faire souffrir les uns en faveur des autres, & modérer la trop haute idée que la bonté de quelques individus pourroit nous donner de l’espece, par la considération de la malice étrange de quelques particuliers.

Je remarque dans toute république, autant de gens intéressés au malheur de l’état, que de citoyens qui prosperent avec lui. L’interêt, le grand moteur des actions humaines, qui fait tout pour tous & contre tous, y mettra donc autant de désordre que d’harmonie, autant de bien que de mal.

Le peuple souffre des sottises des grands. Leur vanité fait vivre le peuple : elle peut même le mettre en état d’être vain & sot à son tour, d’opprimer ses égaux, & d’en faire subsister de plus petits. L’or qui brille dans