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non plus, le but de la nature. Ils n’existent point pour avoir du plaisir. Au contraire il leur est aussi naturel de souffrir que d’être heureux. La volupté attachée aux deux actes les plus importans, celui de la nutrition & celui de la génération, invite les animaux tant à produire leurs semblables, qu’à entretenir une vie qu’ils doivent transmettre à d’autres. Leur plaisir n’entre donc qu’en second dans le plan actuel, pour réparer les breches que l’instabilité des choses d’ici-bas fait à leur existence. Si-tôt qu’il a rempli sa destination, il s’évanouit comme un objet vain. La nature n’en fait point une dépense au-delà du nécessaire. La dose en est donc reglée sur la décadence ou la souffrance des êtres sentans, d’où elle tire sa nécessité.

CHAPITRE XIV

L’égalité des biens & des maux se maintient dans la société par l’inégalité des conditions.

Qu’on ne dise pas que la nature n’a pris aucun soin de rapprocher les hommes, qu’elle n’a point préparé leur sociabilité, qu’elle