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Notre industrie elle-même est aussi impuissante contre les maux nécessaires, que l’instinct des brutes. Où est le succès des précautions, des obstacles, que nous opposons à l’âpreté de la froidure ? Elle nous poursuit dans les appartemens les plus reculés de nos maisons, & vient nous assaillir jusqu’au coin de nos foyers. On ne gagne rien à lutter contre la Nature. Tout ce que nous faisons pour nous garantir du froid, nous y rend plus sensibles.

Si quand la douleur est parvenue à son comble, le plaisir ne rétablissoit promptement les torts qu’elle a faits à l’être sentant, il seroit à craindre, comme on dit, que l’animal chargé de douleur ne pérît par l’abondance du mal. Si lorsque le plaisir a remis son organisation dans l’état convenable, il persistoit au delà, je craindrois pareillement qu’accablé de plaisir il n’étouffât sous l’excès du bien : la chose est-elle sans exemple ?

Tel est le sort de l’Etre créé, il tombe sans cesse : rien n’est stable. Cette chute graduée engendre un mal-aise qui devient à chaque instant plus vif, & se termine enfin par un sentiment pressant de besoin. Jusque-là l’existence a été continuée, parlons plus correctement, elle a été affoiblie & détériorée par la douleur, par l’action des effets qui lui sont contraires. Cette douleur