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voluptueux. Ce reproche seroit pourtant injuste. Afin de compenser tout, la tranquillité qui succede au tems de chaleur, augmente de douceur par la fatigue passée, & permet à l’animal épuisé de reprendre un meilleur être. Mais dans la totalité le bien monte justement au niveau du mal, sans rester au dessous ni s’élever au dessus. Chez l’espece qui a converti l’amour physique en une passion factice, les peines des amans sont en raison de ce qu’ils appellent les charmes d’un sentiment délicat. Je me trompe : dès que l’illusion cesse à peine convient-on que la jouissance avec les moindres faveurs qui l’ont préparée ou suivie, dédommage des fraix qu’on a fait pour l’obtenir.

Que sert donc aux animaux l’instinct qui leur indique ce qui leur convient & ce qui leur est contraire. Ce n’est pas assurément à éviter les miseres attachées à tel degré d’organisation qui constitue leur être, auxquelles il ne leur est pas plus possible de se soustraire, que de réformer l’économie universelle, changer le cours immuable des choses, violer l’ordre des tems. Tout son effet est de les empêcher d’être trop malheureux, comme ils le seroient infailliblement, si en tâtonnant ils n’acquéroient l’habitude de s’éloigner d’une foule d’objets nuisibles qui les environnent.