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la nourriture. Ils ne savent que courir, hurler, se fatiguer, se tourmenter. Ils cherchent : ont-ils trouvé, ils ont à vaincre une résistance qui n’est point simulée ; sont-ils sur le point de jouir, il faut courir les risques d’un combat souvent inégal, ou se résoudre à perdre le fruit de tant de travaux, à l’instant qu’ils croyoient le tenir. Rien de tout cela n’échappe à l’observateur le plus neuf. Ce qui suit n’est pas moins sensible.

Plus l’animal a de lasciveté, plus la jouissance lui est délicieuse. L’âne où la liqueur séminale abonde, est très-lascif. Le Cerf où elle est très-provocante, a plus de chaleur encore. Par l’irritation l’animal est remué, exagité, secoué, tourmenté ; ces secousses violentes sont de la douleur ; elles fatiguent les organes, exténuent le corps, tendent à la destruction de la machine qui réellement dépérit en peu de jours. Si la lasciveté provient de l’excès de la semence, les solides languissent bien plus vîte. Car outre les tourmens qu’ils essuyent, ils sont privés des parties substantielles, destinées à les nourrir, qui vont se rendre dans le fluide séminal.

À juger de la vie animale par ce court période, loin de faire honneur à la Nature d’une sur-abondance imaginaire de sensations flatteuses, on l’accuseroit volontiers de faire payer bien cher un petit nombre de mouvemens