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que de sensations désagréables ; donc la somme du plaisir n’excéde pas celle de la douleur.

L’appétit animal a pour objet ou la conservation de l’individu ou la propagation de l’espece. Dans le premier cas la douleur est véritablement l’assaisonnement du plaisir. Car celui de manger est proportionné à la faim. Il croît, s’affoiblit & s’éteint avec elle. Le besoin satisfait, la nourriture devient fastidieuse : veut-on forcer la nature par l’excès, la cause du plaisir devient un principe de douleur. Le tems de la digestion suit. L’animal n’éprouve pendant cette opération machinale qu’une pesanteur inquiéte, un frisson incommode. Cependant les alimens s’atténuent, une partie passe dans le sang, pour être employée à la nutrition des solides, l’autre s’évapore par la transpiration. La faim revient lentement : & après un intervalle plus ou moins long se fait sentir par un picottement très-violent. Que de difficultés, de risques & de fatigues pour l’appaiser ! Tantôt la terre est couverte de neige, combien d’animaux manquent de subsistance ! Tantôt les ruisseaux sont à sec, combien d’animaux souffrent de la soif ! Quel est l’animal qui en cherchant sa proye, ne s’expose à devenir celle d’un plus fort ou d’un plus adroit que lui ; si ce n’est peut-être ceux que l’homme