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Une induction si pressante exige l’analyse la plus exacte. Est-il vrai que les causes qui peuvent occasionner des commotions & des ébranlemens violens se trouvent plus rarement dans la nature, que celles qui produisent des mouvemens doux & temperés ?

Les animaux n’ont qu’un moyen d’avoir du plaisir, c’est d’exercer leur sentiment à satisfaire leur appétit[1]. Ce mot de vérité détruit les erreurs de quatre pages. Tout plaisir naturel suppose donc un besoin naturel & est uniquement destiné à le satisfaire. Or tout appétit naturel est une impression aigue, une commotion vive, un ébranlement violent qui tend à déranger, à dissoudre l’organisation de l’être sentant, comme la satisfaction de cet appétit est un mouvement doux & tempéré, un chatouillement agréable qui rétablit les organes, & conserve la vie. Donc, puisque les animaux n’ont point d’autre moyen d’avoir du plaisir que d’exercer leur sentiment à satisfaire leur appétit, cet exercice est toujours & nécessairement précédé d’un sentiment douloureux, celui du besoin. Donc les occasions de souffrir sont tout aussi fréquentes dans la nature, que les rencontres agréables. D’ailleurs le plaisir n’est que le contentement précis du besoin : donc ils ont tous deux même force, même activité. Donc les animaux n’ont pas plus de sensations agréables

  1. Là-même