Page:De La Nature.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée

leur le mal physiques, on ne peut guere douter que tout Etre sentant n’ait en général plus de plaisir que de douleur : car tout ce qui est convenable à sa nature, tout ce qui peut contribuer à sa conservation, tout ce qui soûtient son existence est plaisir ; tout ce qui tend au contraire à sa destruction, tout ce qui peut déranger son organisation, tout ce qui change son état naturel, est douleur. Ce n’est donc que par le plaisir qu’un Etre sentant peut continuer d’exister ; & si la somme des sensations flatteuses, c’est à dire des effets convenables à sa nature, ne surpassoit pas celles des sensations douloureuses ou des effets qui lui sont contraires, privé de plaisir il languiroit d’abord faute de bien ; chargé de douleur il périroit ensuite par l’abondance du mal [1]. »

Une induction si pressante exige l’analyse la plus exacte. Est-il vrai que les causes qui peuvent occasionner des commotions & des ébranlemens violens se trouvent plus rarement dans la Nature, que celles qui produisent des mouvemens doux & temperés ?

  1. Discours sur la Nature des Animaux. Ce qu’un observateur aussi éclairé que Mr. de Buffon voit dans la Nature, mérite une attention singuliere. Il faudroit avoir des yeux meilleurs que les siens pour se croire en droit de l’accuser d’avoir mal vu. L’examen exact que je vais faire de cet article de son livre, prouvera donc simplement que les plus habiles sont soumis, comme nous, à l’influence de l’équilibre qui maintient la balance égale entre les vérités & les erreurs.