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le systême général des êtres animés, une quantité de douleur précisément égale à celle du plaisir. Les principes même du sentiment contraire sont fort séduisans. Les voici exposés sous le point de vue le plus favorable.

« Tout effleurement des sens est un plaisir, & toute secousse forte, tout ébranlement violent, est une douleur ; & comme les causes qui peuvent occasionner des commotions & des ébranlements violens se trouvent plus rarement dans la Nature, que celles qui produisent des mouvements doux & des effets modérés ; que d’ailleurs les animaux, par l’exercice de leurs sens, acquièrent en peu de tems les habitudes non-seulement d’éviter les rencontres offensantes, & de s’éloigner des choses nuisibles, mais même de distinguer les objets qui leur conviennent & de s’en approcher ; il n’est pas douteux qu’ils n’ayent beaucoup plus de sensations agréables que de sensations déagréables, & que la somme du plaisir ne soit plus grande que celle de la douleur.

Si dans l’animal le plaisir n’est autre chose que ce qui flatte les sens, & que dans le physique ce qui flatte les sens ne soit que ce qui convient à la Nature ; si la douleur au contraire n’est que ce qui blesse les organes & ce qui répugne à la Nature ; si en un mot le plaisir est le bien, & la douleur