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tempérés. L’harmonie de la nature est par-tout ; & nulle part elle n’est plus frappante que dans la succession réguliere des êtres, où l’extinction des germes vivans permet aux autres de vivre à leur tour ; dans les moyens propres à conserver quelque tems les individus & à perpetuer les especes, moyens aussi féconds de destruction, afin que nulle espece ne se multiplie avec un excès incommode pour les especes voisines, afin encore que la vie trop prolongée d’une génération ne retarde point la suivante au delà du terme qui doit l’amener. Ne songez qu’aux individus, vous croirez que tout passe, tout meurt, tout s’anéantit. Ne faites attention qu’aux especes, vous vous sentirez porté à croire que tout est éternel & immuable. Que me serviroit de pousser plus loin cet exposé ? C’est assez pour conclure que l’harmonie de la nature est l’accord parfait du bien & du mal ; que sa variété égale la somme des combinaisons de ces deux essences contraires & toujours unies ; que la beauté de la nature, qui résulte de sa variété & de son harmonie, est en raison composée du bien & du mal, ou comme le quarré de l’un des deux, vu leur exacte égalité ; que l’idée la plus vraie de la beauté naturelle, est celle qui se compose de la double notion du bon & du mauvais ; que cette idée s’accroît par