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eaux en coulant que pour le désaltérer ; si l’astre du jour ne se levoit que pour éclairer ses plaisirs, mûrir ses moissons ; si enfin toutes les créatures s’occupoient uniquement à faire naître dans son cœur les sentimens d’une joye pure, j’avoue que l’avantage qu’il en retireroit, seroit leur prix. Mais si les biens que cet usurpateur s’approprie, lui sont communs avec les autres êtres, il n’y a pas un seul d’eux qui n’ait un droit semblable de s’estimer le centre où tout doit se rapporter.

Est-ce pour les hommes que le soleil va paroître, pour les hommes dis-je, dont la plus illustre partie, livrée au sommeil, image de la mort, ne verra point ses premiers rayons ; & dont l’autre n’est pas en état d’en jouir, parce que son imagination, abrutie par des idées de contrainte, regarde le lever de cet astre bienfaisant pour tout le reste de l’univers, comme le signal importun de ses travaux ? N’est-ce pas plutôt pour le rossignol qui salue l’aurore par ses accens mélodieux, & par sa vive allégresse insulte à notre misere ? N’est-ce pas ?… laissons ces puérilités. La nature offre une grande variété de choses sans confusion. La variété des effets & leur harmonie ; voilà toute la beauté naturelle : chef-d’œuvre immortel de la fécondité de la cause !

La variété de la nature est dans l’infinité