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ainsi les anciennes veines des carrieres & des mines s’épuisent en repandant autour d’elles une poussiere fine qui en produit de nouvelles.

CHAPITRE XII

La beauté de la nature est en raison composée du bien & du mal qu’il y a dans l’univers.

L’idée de l’ordre naturel ne se tire pas des rapports que tous les êtres ont avec un seul. Telle est pourtant la force de l’orgueil, qu’il est parvenu à persuader au commun des hommes que l’harmonie de l’univers consiste en ce que tout ce qui existe serve à leur plaisir, soit en recréant leur esprit, soit en chatouillant leurs sens. Aujourd’hui c’est une erreur sacrée. Les docteurs ont dit qu’une pareille disposition faisoit honneur à la bonté divine : au moins elle flatte l’amour-propre humain. Ce rêve, digne d’un sibarite, formé pendant le sommeil de la raison, s’évanouit à son réveil.

Si l’homme seul recueilloit les fruits de la terre ; si les ruisseaux ne purifioient leurs