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vie : tems que la nature employe à détruire la machine qu’elle avoit mis environ treize à dix-huit ans aussi à travailler, à conduire au dernier point de son développement.

Les insectes qui font toute leur ponte en une fois, vivent assez peu après l’accouplement. Leur destination est remplie. La grande dépense qu’ils ont faite tout-à-coup de l’élément séminal dépositaire de la vie, fait qu’il ne leur reste plus qu’une très-foible portion d’existence, bientôt consumée : c’est ce qui s’observe dans le papillon du ver-à-soye. Ceux qui font plusieurs pontes ont une vieillesse plus longue. Les premiers s’épuisent par la continuité de l’accouplement, au lieu que chez les seconds, l’intervalle de repos qu’il y a d’un accouplement à l’autre, permet aux ressorts organiques de se remettre de la fatigue passagere qu’ils ont soufferte. Une émission violente, longue & continue du fluide séminal use tout-à-fait la machine. Des émissions périodiques, fussent-elles toutes ensemble plus violentes & plus longues, ne l’usent pas tant, & parce que chacune est moins laborieuse, & parce que chacune est suivie d’une réparation proportionnée ; de sorte que dans ce dernier cas l’animal, lorsqu’il perd la faculté d’engendrer, a encore assez de vigueur pour lui survivre longtems.

Ce raisonnement s’applique de lui-même