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monstres. Les éphémérides d’Allemagne font mention de trois ou quatre filles qui ont donné des marques non équivoques de puberté dès l’âge d’un, de deux, & de cinq ans. L’histoire de l’académie royale des sciences de Paris parle d’un enfant de quatre ans, dont le sexe étoit aussi avancé que dans un homme de vingt ans. On voit de même des esprits précoces qui, sans donner dans aucune sorte d’enfantillage, montrent un bon sens au-dessus de leur portée. La mort prématurée des uns & des autres prouve que ces phénomenes, d’ailleurs fort rares, doivent être attribués à un vice réel d’organisation. Un développement trop subit consume bientôt le principe vital. Les enfans, qui ont trop d’esprit, ne vivent pas : l’exercice violent qu’ils donnent à leur cerveau par des opérations d’une force qui ne lui est point proportionnée, en use promptement les fibres délicates. Il est aussi dangereux de hâter la nature, que de retarder sa marche.

La vieillesse au moins est pour l’individu & non pour l’espece. Il se repose enfin & jouit de lui-même. À examiner les choses de plus près, il sembleroit plutôt que par un juste retour toute l’espece alors est pour lui seul. Car chez les animaux aussi bien que chez nous, sur-tout parmi les cicognes, les jeunes aident les vieux & vont leur chercher de la nourriture.