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mais que l’âge viril est le tems de la réflexion, & la vieillesse celui de la prudence.

J’avoue tout cela : je dirois tout cela moi-même & mille fois plus, si je parlois de la vie morale de l’homme, de la destination de son esprit & des qualités de son cœur. Je ne traite ici que de la vie animale : & je prétends que nous ne l’avons pas reçue pour nous, mais en faveur de l’espece. C’est un dépot que nous devons rendre à d’autres. Cette partie de l’objection est donc hors de propos. À l’égard de l’autre, qui est la premiere, je pense y avoir déjà satisfait d’avance au moins à moitié. J’y reviens de nouveau en considération de ceux à qui il faut tout dire. J’ai observé que la nature ne s’arrête si longtems dans l’âge qui précéde la puberté, que pour perfectionner les organes de la génération tant internes qu’extérieurs. Son action est graduée, égale, uniforme. Elle en fait à chaque instant la moindre & la plus grande dépense qu’il se peut ; obligée, comme elle l’est, de passer par tous les degrés sans en sauter un, pour former une continuité sans vuide. Si quelques exemples dérogeoient à l’uniformité accoutumée, on n’en tireroit aucun avantage. Les exceptions seroient accidentelles, & rentreroient dans la classe des