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des muscles, de l’abondance du sang, parce que tout cela favorise le physique de l’amour. Le même période de la vie est de plus celui où la mortalité se fait moins sentir, celui où l’on peut raisonnablement se promettre de vivre plus longtems, comme chacun peut s’en convaincre par les tables de la vie générale des hommes dressées à Londres, à Paris & ailleurs. Voilà une attention de la nature, trop marquée pour n’être pas décisive. Au contraire dès que le liquide séminal commence à manquer, ou cesse d’être prolifique, elle néglige tout-à-fait l’individu dont elle n’attend plus de service pour son objet principal. Il n’a plus l’unique titre qui lui méritoit ses soins. Elle laisse donc le corps s’affoiblir, les chairs dépérir, la sensibilité s’émousser, le sang s’appauvrir, les ressorts musculaires s’user, & toute la machine tomber en ruines. Le contraste est frappant.

On dira peut-être que l’animal vit longtems avant d’être en état de remplir les vues de la nature, & encore longtems après en avoir perdu la faculté. L’on ajoutera que pour l’homme l’enfance est l’âge de former le cœur & l’esprit, de les prémunir contre la fougue des passions ; qu’à la vérité la jeunesse est la saison des plaisirs & de l’erreur, & qu’il est très-difficile d’éviter alors ce double écueil ;