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plus foibles qu’un petit nombre de pontes entieres, pour les mettre en état d’envahir toute la terre & d’en faire disparoître ses autres habitans.

Prenons les sauterelles pour exemple. Quel ravage peuvent donc faire ces petits animaux ? Il ne s’agit point ici de possibilités. J’ai des faits à alléguer. Orose dit que l’Afrique (& seulement une ville en Afrique selon Varron) fut ravagée par un nombre prodigieux de sauterelles, qui après avoir fait périr tous les fruits, corrompu les eaux, & causé une grande mortalité parmi les hommes & les bêtes, furent portées par un vent impétueux dans la mer. Pline rapporte que les habitans du mont Casie voyant à regret que les sauterelles gâtoient leurs fruits & causoient la stérilité dans leur pays, firent des prieres à Jupiter pour en être délivrés. Zosime nous apprend que les ciliciens affligés du même fléau, en furent délivrés par Apollon à qui ce bienfait valut le titre de parnopien, c’est-à-dire, chasseur de sauterelles.

Doutez-vous que, si les peuples de la Libie & de l’éthiopie nommés acridophages, ne se nourrissoient pas de ces nuées de sauterelles que les vents du midi leur portent vers l’équinoxe du printems, ils n’en fussent eux-mêmes exterminés, ou du