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de considérations qui s’offriroient en foule à mon esprit pour étouffer ces sentimens involontaires, pourrois-je retenir mon indignation & m’empêcher de m’écrier que l’espece la plus acharnée à sa propre ruine mérite le moins d’être épargnée des autres ? Descendant des plus grandes aux plus petites, je trouverois que les individus de celles-ci sont moins nuisibles, ce qui fait beaucoup dans un monde dont tous les habitans sont destructeurs ; qu’ils ne s’entre-mangent pas comme les brochets ; qu’ils ne se font pas même la guerre comme nous. Voilà déjà deux raisons de préférence.

Une troisieme, c’est qu’en général les insectes, multiplient bien davantage que les grandes especes. Leuwenhoek a observé que deux mouches en ont fait sept cens mille autres en moins de trois mois. Le fait est suffisament confirmé, par la déférence qu’on est convenu d’avoir pour cet observateur habile. Or cette fécondité si prodigieuse, dont la nature les a doués, peut passer pour une preuve de noblesse & d’excellence. Ce ne sont pourtant là que de vaines illusions qu’un seul mot fait évanouir.

Que les animaux, forcés par les loix de leur organisation à détruire les insectes, cessent tous à la fois de remplir leur destination, je pense avec un anglois, qu’il ne faudroit aux