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sera sacrifiée à l’autre moitié. Mais toutes les especes entrent nécessairement dans l’économie animale pour la completter. On ne peut donc pas en supposer une seule de moins dans l’univers, ce qui arriveroit pourtant & très-vîte, si une seule en particulier étoit destinée à la voracité de toutes les autres. De plus laquelle seroit sacrifiée ? Parmi les êtres comme tels, car il ne s’agit ici que de l’existence, tout est égal : point de supériorité. Supposons néanmoins que, selon des vues trop humaines & trop peu raisonnables, le regne végétal soit livré aux animaux qui ne pourront plus aussi se repaître de chair. Qu’arrivera-t-il ? Premiérement combien d’especes à qui les racines & les herbes ne peuvent convenir ? Celles-là finiront dans la génération présente. Déjà plus d’animaux tout-à-fait carnivores. L’homme ne le sera plus aussi par la supposition. Combien donc de quadrupedes qui ruminent, combien de volatiles qui se nourrissent de grain, autrefois la proye de l’homme, du lion, du tigre, de l’épervier, etc. Vont prodigieusement multiplier ! La terre n’aura bientôt plus ni assez d’herbes, ni assez de fruits. Il faudra après quelques années, que les animaux ayant consumé tous les végétaux, meurent eux-mêmes de faim. Le globe sera dans peu tout-à-fait dépeuplé. Voilà où conduit la plaisante