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L’ASSERTION, LA NEGATION

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Il convient de distinguer entre l’usage de la négation dans l’assertion et dans la lexis ordinaire, ou plus exactement à l’intérieur de la lexis. La négation n’a pas le même sens dans les deux cas. Si l’on pose la proposition : « Jacques est venu », qu’on la nie ensuite dans « Jacques n’est pas venu » et qu’on les considère comme des jugements complets ; alors « Jacques n’est pas venu » ne correspond pas à « Jacques est venu n’est pas établi » mais à « Jacques est venu est exclu ». L’analyse exhaustive de la négation est une des plus difficiles qui soit : nous y reviendrons plus loin.

On peut enfin suspendre l’exclusion ; en vertu de la convention précédente, on dira :

il n’est pas exclu ou P n’est pas exclu.

Nous nous trouvons donc en présence de quatre positions élémentaires ou modalités de l’assertion :

1) L’assertion elle-même simple ou contrôlée, il est établi que nous désignerons par le symbole (A) ;

2) La suspension de l’assertion simple ou contrôlée, par l’usage de la négation ne… pas, il n’est pas établi que nous désignerons par le symbole (A’) ;

3) L’exclusion de l’assertion simple ou contrôlée, il est exclu que nous désignerons par le symbole (E) (l’inverse du précédent) ;

4) La suspension de l’exclusion simple ou contrôlée, par l’usage de la même négation ne… pas, il n’est pas exclu que nous désignerons par le symbole (E’).

Ces quatre attitudes relèvent d’opérations effectuées réellement par l’esprit aussi bien sur l’assertion simple que sur l’assertion contrôlée.