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LA LOGIQUE DE L’ASSERTION PURE

ment mental ; le logicien au contraire ne l’envisage que dans son rapport avec la lexis. Dès lors cette relation doit s’exprimer dans la lexis elle-même, comme une certaine modalité de la lexis par rapport à l’assertion ; dès lors cette modalité doit s’exprimer de quelque façon pour prendre une portée logique.

Cela nous amène à définir l’assertion par rapport à l’affirmation et à la négation ; ces deux notions sont corrélatives, mais il convient de distinguer entre la négation en tant « qu’acte de l’esprit consistant à déclarer qu’une lexis proposée est fausse » (VP sens A) et la négation en tant que « signe grammatical qui représente cette attitude de l’esprit » (VP sens B). Mais on peut opérer une distinction plus importante encore et qui porte sur l’assertion même, celle entre négation suspensive et négation exclusive. On peut, après avoir posé une assertion, la suspendre ; si l’on admet le terme purement conventionnel de :

il est établi ou P[1] est établi

désignant aussi bien l’assertion simple que l’assertion contrôlée, on la suspendra par l’usage de la négation (ne… pas ou non) :

il n’est pas établi ou P n’est pas établi.

On expose donc une attitude de l’esprit par une conjonction qui fixe dans le discours une attitude mentale.

On peut au lieu de poser une assertion l’exclure ; en vertu de la convention précédente, on dira :

il est exclu ou P est exclu.
  1. P désigne une proposition quelconque par abréviation.