Page:De La Harpe - La Logique de l’assertion pure, PUF, 1950.djvu/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

21

LA LOGIQUE DE L’ASSERTION PURE

même idée en d’autres termes, qui ne correspondent pas à des éléments plus simples », car à moins d’entrer dans la discussion des critères du vrai, on ne peut faire autrement ; en effet « les deux notions corrélatives et inséparables du vrai et du faux sont au nombre des idées essentielles et primitives sans lesquelles rien ne peut être pensé, et qui par conséquent ne sont pas susceptibles d’une définition proprement dite ».

Mais cette manière de voir a un inconvénient, celle de relier étroitement la notion d’assertion qui peut se concevoir clairement au titre d’acte psychique et celle de vérité qui, de l’aveu même de M. Lalande, échappe aux prises d’une vraie définition ; ce qui le prouve du reste ce sont les qualificatifs de « plein et entier » par lesquels l’auteur a jugé bon, avec sa probité coutumière, de qualifier l’assentiment accordé à l’assertion. Il y a donc des assertions auxquelles l’esprit peut donner un assentiment plus hésitant.

N’y a-t-il donc pas un risque sérieux en logique à traiter du vrai et du faux avant l’examen de la notion d’assertion plutôt qu’après l’avoir établie ? Car l’esprit possède la capacité d’accorder son adhésion, c’est-à-dire de faire acte d’assertion, soit en dépit des valeurs fondamentales vrai et faux, soit antérieurement au contrôle, à la vérification proprement dite.

Ce qui nous confirme dans cette idée ce sont les critiques très précises et pertinentes que M. Poirier dirige contre l’idée de l’homogénéité du vrai et du faux en logique ; après avoir distingué entre trois plans de pensée distincts relativement à l’emploi des algorithmes logiques, ceux de l’interprétation extrinsèque, de l’existence purement symbolique et de l’acti-