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L’ASSERTION, LA NÉGATION

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nitions, M. Lalande insiste sur le fait que « l’opération logique, quand elle se ramène à prédiquer fermement un terme d’un autre, se rapproche beaucoup de l’opération psychologique », telle que nous venons de la définir. Toutefois M. Lalande introduit deux restrictions à cette analogie : tout d’abord le fait que du point de vue psychologique le sujet du jugement « peut être, non pas un sujet logique déterminé, mais l’ensemble des perceptions ou des sentiments de celui qui formule ce jugement », notamment dans des jugements uninominaux comme « un serpent ! » ou impersonnels comme « il tonne ». Ensuite, suivant le point de vue psychologique, l’attribut est partie même de l’acte intégral qui fonde le jugement, alors qu’au point de vue logique « cet élément est toujours conçu comme ayant une préexistence logique indépendante ».

Ce qu’il convient de retenir de cet examen critique de la notion même du jugement, c’est la complexité de l’acte judicatoire et les points de vue essentiels auxquels on peut se placer pour le réduire à ses éléments, étant bien entendu que les vocables « d’opération logique » et « d’opération psychologique » désignent les aspects différents du même acte opératoire fondamental envisagé à des points de vue différents et pris à des niveaux différents d’évolution.

L’essentiel consiste dans le fait que le logicien part du rapport de l’acte judicatoire à son expression symbolique, à l’énonciation même de la proposition plutôt qu’à ses origines pré-symboliques ; il s’agit en un mot d’un acte judicatoire fixé par un langage approprié. Le psychologue se place au point de vue « intentionnel », le logicien au point de vue « expressif ».