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18 LA LOGIQUE DE L’ASSERTION PURE

plus dure que ne tentent de le faire croire ceux qui se laissent hypnotiser par l’idée « héraclitéenne » du changement perpétuel.

Cent fois la logique aristotélicienne a été mise et remise sur le métier ; peu de disciplines intellectuelles ont été aussi souvent prises et reprises sur toutes les coutures. Or l’édifice du syllogisme, en tant que syllogisme, subsiste ; si l’on s’attache à l’énoncé des relations elles-mêmes et non à leur portée épistémologique — ce qui est très différent — on devra bien admettre qu’après les remaniements de l’époque médiévale (qui ont à bien des égards cédé à l’erreur des méthodes purement automatiques), après les admirables analyses de Lachelier, celles de M. Goblot et Lalande, le syllogisme a fait ses preuves en tant que logique des propositions prédicatives.

Les principes de contradiction, d’identité et du tiers exclu, convenablement interprétés, n’ont point été ébranlés en tant que tels.

Seulement l’analyse des opérations fondamentales que nous allons tenter à nouveau, s’est singulièrement précisée et d’autres opérations ont pu être traduites en langage algorithmique : la logique moderne est née de cet effort de retour à l’expérience logique à partir d’une matière beaucoup plus élaborée et raffinée. Ce qui a été modifié ce n’est donc guère les relations anciennement découvertes, mais la perspective même de ces relations, grâce aux découvertes postérieures ; la formulation s’en est sensiblement améliorée et surtout différenciée, mais il serait faux de déclarer, comme certains le font avec emphase, que la logique classique est périmée : périmée dans ses interprétations, sa philosophie et sa perspective d’en-