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L’EXPÉRIENCE LOGIQUE 17

l’expérience logique d’« expérience combinatoire méthodiquement dirigée », compare la logique à « une « sorte de physique synthétique, physique des signes discontinus et de leurs assemblages, qui ne dépend pas de leur forme exacte, mais seulement, si l’on peut dire, de leur structure topologique… La logique, comme la géométrie, conclut-il, « requiert une physique des signes solides » [1].

Au titre d’image ou de métaphore, nous acceptons la comparaison entre logique et physique, à l’expresse condition qu’on ne laisse point s’y glisser de présupposition ontologique : autres en effet sont les symboles littéraux ou opératoires du logicien et les objets du physicien. Ceux-ci sont, à leur origine du moins, liés à l’existence de choses, de réalités physiques ; ceux-là sont simplement la cristallisation verbale d’actes opératoires, stratifiés à la longue, ou des repères topologiques, comparables aux cases d’un damier.

C’est une question de métaphysique que de trancher dans un sens ou dans l’autre, suivant qu’on ramènerait finalement les premiers aux seconds, ou l’inverse. Pour une philosophie de la logique, la question doit demeurer ouverte. L’objet logique et l’objet physique ont en commun une certaine stabilité mais on ne peut parler de la logique comme d’une « physique de l’objet » sans courir le risque d’inextricables confusions.

Insistons sur un dernier point ; soit sur la permanence relative des relations fondamentales issues de l’expérience du logicien. Elles ont la vie beaucoup

  1. Op. cit., p. 14.